1. |
Divagations
06:30
|
|
||
Il tombe des mondes sur ma toison de velours
J'aborde les bords des fjords aux cris des vautours
L'éclair suprême éclate le long de mes ailes
Le ciel me suit en un soupir éternel
Traqués, saignés, blessés, mes frères, mes bourreaux
Une à une mes plumes se perdent au cœur des flots
J'agrippe in extremis le wagon damné
Aux bras des léviathans, moi ange brulé
Je vogue sur l'onde droite, totem du temps
Au creux des nuits de feu j'approche en riant
Moi comète, sur fond noir je jette l'épée
Et m'éteint dans un cri inachevé
Où suis-je ?
De nouveau perdu
Envolé, effacé, fini
Je reviens au bord de ma vie
L'esprit vierge, le corps neuf
Je regarde de loin
Le jour dans la nuit
Je pends penaud au seuil de mon tombeau
Rongé de toutes parts un cauchemar silencieux
Je suis un roi, tout seul, enveloppé d'un linceul
Sur son trône étoilé à jamais condamné à rêver
|
||||
2. |
Ascenseur
03:15
|
|
||
J'suis resté bloqué trois jours, trois nuits
Dans cet ascenseur j'ai failli mourir d'ennui
J'ai appelé à l'aide moi, pauvre claustrophobe
Mais il n'y avait que l'écho de ma voix qui se dérobe
Il me charmait j'étais happé par l'idée
De plus me taper les escaliers
Mais il me prit au piège et je ne pu ressortir
Qu'après avoir passé trois jours, trois nuits à souffrir
J'en ai bavé entre ces quatre murs
A l'interphone un mec qui m'assure
On vous sortira de cet ascenseur
Mais on ne devait pas avoir la même notion de l'heure
Au bout de dix minutes passé dans cet ascenseur
Je ne comptais plus les multiples gouttes de sueur
En tapant sur la porte sans aucun ménagement
Je compris que j'allais rester là un bon moment
Et les heures passent et je deviens fou
D'être la depuis cinq heures à rester debout
J'm'appretais à attendre mais je n'm'attendais pas
Que pendant trois jours et trois nuits je resterais là
J'en ai bavé entre ces quatre murs
A l'interphone un mec qui m'assure
On vous sortira de cet ascenseur
Mais on ne devait pas avoir la même notion de l'heure
Et j'agonise dans ma cage d'acier
Je voudrais me battre mais je suis fatigué
D'être bloqué ici depuis trois jours, trois nuits
Mon âme me lâche et je pars au paradis
Mais si je pouvais retrouver le salaud
Qui m'a laissé crever comme un vulgaire crapaud
Je lui ferais sentir le poids de sa faute
Mais moi je suis mort et lui il garde la tête haute
J'en ai bavé entre ces quatre murs
A l'interphone un mec qui m'assure
On vous sortira de cet ascenseur
Mais on ne devait pas avoir la même notion de l'heure
|
||||
3. |
|
|||
La vie de Jean-Paul Marat n'est qu'un amas
De fatras, de rats, de tabac, n'oubliez pas
Que les nuits au soleil sous les reflets vermeils
Il est là, allongé comme ça
Sur le dos, les os dans les asticots
Amour bateau, fini le chalumeau
Et tout ça pourquoi ? Tout ça pourquoi ?
La vie de Jean-Paul Marat n'est qu'un mensonge
Une bande dessinée où les animaux rongent
La croute terrestre, pédestre ou même équestre
Sans vergogne, adieu Gorgone
Et le pauvre Jean-Paul brûle sa peau molle
Il vole, prononce ses dernières paroles :
« Charlotte … merci »
|
||||
4. |
Victime de ses mots
04:09
|
|
||
Silence radio, je crie en monosyllabes
Des mots, des sons, des bruits en cascade
Très vrai, très faux, le micro collé aux lèvres
J'essaye en vain mon remède et délivre
Ma sève, mon sang, mon empire monogame
A la voix habitée d'une triste flamme
Anonyme exhalé dans le drame vitale
Acculé par les yeux d'une femelle d'un mâle
J'étouffe aphone dans le studio
Fermé à clé de mon cerveau
Toile d'araignée sur le rideau
Un messager victime de ses mots
Inconnue des dieux, des idoles et des saints
Ma langue s'étrangle et découvre en chemin
Croyances célèbres, serpents à sornettes
Les grands hommes savants aux paroles de prophètes
Fils illégitime d'une nature cachée
Noyé à petit feu dans la réalité
A mettre à nu les moindres visions
Sous les sous-vêtements de l'illusion
J'étouffe aphone dans le studio
Fermé à clé de mon cerveau
Toile d'araignée sur le rideau
Un messager victime de ses mots
Un asile de fous, une porte à verrous
Les yeux arrachés d'une poupée vaudou
Un électrochoc, une boîte à ciseaux
Gonflés à bloc sur les pores de ma peau
Je tremble, déchargé dans ma fantaisie
Où créatures se touchent, se caressent et s'enfuient
Le rituel silencieux des sorciers, nuit et jour
Entre ombre et lumière, là où le ciel est sourd
J'étouffe aphone dans le studio
Fermé à clé de mon cerveau
Toile d'araignée sur le rideau
Un messager victime de ses mots
|
||||
5. |
Intermede
02:09
|
|
||
6. |
Géants de sable
06:23
|
|
||
Nous étions une poignée
Répartis aux portes des dunes
A l'ombre des cohortes d'écume s'abattant sur la baie des regrets
Nourris d'illusions communes
Ma mémoire se faisait tout à coup plus obscure
Pour peu à peu s'effacer
Des cris aux caractères nouveaux s'échappaient aux galops des profondeurs
A tire-d'aile sortait des flots l'abysse rebelle
Et ses frères
Et ses sœurs
Des arabesques de couleurs dans ce ciel pâlement bleuté
Se dessinaient au gré de leurs danses endiablées
Sensuelles garces maritimes, touche-à-tout délicieuses
Nées de l'infime
Or moi, pauvre animal, en proie aux grands tourments
J'avais le cœur mis à mal par ces tumultes angoissants
Je voyais tour à tour déesses, souillons, fées puis sorcières
Se dessiner à la lueur du crépuscule brouillon
Drapé comme d'un linceul encore couvert de cristaux de sel
Se dévoilaient aux endroits proches de l'indécent
Sous l'influence de vents maladroits
Plusieurs genoux de chair tendre
Une algue fine en guise de cheveux
Coulait doucement le long de leurs yeux
Et d'un tribord frappant mon émoi
Plaquèrent leurs regards sur moi
Je me levais presque aveuglé
Avançant par une combinaison de gestes mal assurés
Je marchais nerveusement pied au plancher céleste qui m'amenait
Vers mon ultime péché
Sur un champ de scarabées
Pris d'une folie passagère
Dans la danse de Salomé
Je fonçai la tête la première
J'affleurai sous une nuit
Indélicate imprévue
Au croisement des interdits
Abolis par ma venue
J'arrive avec mon armée
De délicieuses amazones
Ouvertement dénudées
Surprenant Elephantome
Revenu sur les dunes désertes
Entre tempêtes vénérables
Je suis appelé à renaitre
Du ventre des géants de sable
|
||||
7. |
À la table du monarque
11:17
|
|
||
Trois petites clochettes s'agitent
Le long de l'étroit corridor
Le monarque et ses acolytes
Préparent la danse des sémaphores
Les invités se pressent
A la cour du château
Tous sont présents pour la messe
De la caresse, éléphanto-cerveau
Le squelette observe la scène
Accoudé au corbillard
A genoux devant le lézard de la reine
Les mille cadors de l'obscène foire
Arrachent le masque de papier
Recouvrant leurs cicatrices
Le monarque absolument amusé
La moitié finissant au précipice
Ô navires, Ô rochers
Ô saphirs éclairés
Tous les os se rejoignent à la table du monarque
Les douves crient les malentendus
Férus d'illusions macabres
Leur sang coule dans les cornus
Du laboratoire placé sous la table
Les maladifs attendent le repas
Couteaux et fourchettes tournoyants
Tandis que la douce au bassin las
Rêve de partir troubler l'océan
Mais aucune issue dans ce château
Le mercure est monté, monté
Tous ces doux voisins avec leurs chapeaux
Attendent sans le savoir leur dernier diner
Ô navires, Ô rochers
Ô saphirs éclairés
Tous les os se rejoignent à la table du monarque
Les peintres immortalisent la scène
Devant ce festin de pieds
Pendant que les gardes assènent
Le coup de grâce aux immoraux tatoués
Les hôtes incrédules s'esclaffent
Mais sous la table les corps nus se remplissent
Et le tyran du télégraphe
Renvoie le feu vert aux abysses
Le dessert est enfin arrivé
Et les trappes s'ouvrent une à une
Leurs visages semblent décollés
A l'écoute de la faucheuse de lunes
Ô navires, Ô rochers
Ô saphirs éclairés
Tous les os se rejoignent à la table du monarque
|
Streaming and Download help
If you like Jamais, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp